samedi 23 mars 2024

COURS 10 : LIENS ENTRE ARTS PLASTIQUES ET L'ARCHITECTURE, LE PAYSAGE, LE DESIGN D'ESPACE ET D'OBJET ( 1ERE SPE)

 ► ENVIRONNEMENT ET USAGES DE L'OEUVRE OU DE L'OBJET

Nous aborderons cette partie du programme à partir de trois exemples : 

-Le Musée du quai Branly de Jean Nouvel et son mur végétal de Patrick Blanc

- La cité radieuse de Le Corbusier

- Les cellules de Absalon. 


Le musée du Quai Branly - Jacques Chirac


Musée des arts et civilisations d'Afrique, d'Asie, d'Océanie et des Amériques, il est situé dans le 7e arrondissement à paris, le long du quai de la Seine et pas loin de la tour Eiffel.  Le projet a été porté par Jacques Chirac et réalisé par l'architecte Jean Nouvel, inauguré en 2006. 


Jean Nouvel décide de doubler la superficie des espaces verts (17500 m²) en mettant le bâtiment sur pilotis pour une prise au sol moins importante. On peut donc y passer dessous. 
Le bâtiment est isolé des bruits de la ville par une grande façade vitrée sérigraphiée. Cela donne l'effet d'être coupé de la ville et de rentrer dans un monde silencieux où on entend les oiseaux chanter. 

Plusieurs « boîtes » encastrées dans l’architecture sont les salles du musée, plongées dans l’obscurité pour préserver les objets de la lumière.

Le musée est discret, on ne le voit pas de l’extérieur. Il est camouflé par la végétation.

Pilotis permettant de garder une surface au sol importante.

Boites colorées : salles du musée. 

Façade de verre pour isoler le lieu des bruits de la ville tout en la gardant visuellement

Entrée du musée, mur végétal.

Le mur végétal est fait d'un manteau de feutre agrafé et d'une structure métallique, les plantes sont nourries en éléments minéraux et en eau par le socle de feutre. C'est un des plus grands murs végétalisés du monde. Il comporte 376 espèces du monde entier qui peuvent s'adapter aux conditions climatiques d'Europe occidentale.  Il oxygène et embellit la ville.  Le projet concilie arts plastiques, architecture et paysage. Il y a un travail sur les couleurs, les caissons décalés rappellent les ocres des terres africaines, les pièces rouges métalliques  s'opposent au vert du mur végétalisé par leur couleur mais aussi par leur forme, et leur texture. 

Mur végétal. 



détail du mur. 


Mur végétal. 






La cité radieuse par Le Corbusier à Marseille

Après la seconde guerre mondiale le temps de la reconstruction est venue, notamment à Marseille détruite par les bombardements. On fait appel à l'architecte Le Corbusier pour construire un ensemble de logements sociaux. Le terrain se trouve boulevard Michelet,  loin du centre ville, Marseille n'était pas encore construite comme aujourd'hui. 
le Corbusier propose une unité d'habitation composée de 337 appartements de 23 types différents, dont le style est en rupture avec les traditions et innovant. On va vite l'appeler la maison du fada. Aujourd'hui le monument est classé monument historique. 

visite de la cité radieuse ici 






Toit de la cité radieuse avec une piscine et un atelier, une cour.




Pour créer une unité d’habitation , Le Corbusier va définir une cellule de base qu'il va répéter et assembler en sens inverse. La cellule est disposée en travers du bâtiment de manière à ce que les fenêtres soient des deux côtés du bâtiment (Est et Ouest). Les deux appartements encastrés seront ascendants ou descendants, c'est à dire que le duplex comportera un escalier qui monte à l'étage ou qui descend. (voir schéma ci-dessous appartement bleu et appartement jaune). Le couloir central (en rouge sur le schéma) qui permet d'aller d'un appartement à l'autre est en revanche très sombre car toute la lumière naturelle est réservée aux appartements . Il va compenser par des lumières électriques, et des couleurs. Les couloirs deviennent des rues où les enfants peuvent jouer et faire du vélo.  La cité radieuse se trouvant loin du centre ville, propose aux habitants d'avoir tout sur place : une école se trouve au dernier étage, on y trouve des magasins, un hôtel, un gymnase (aujourd'hui transformé en centre d'art), une piscine,  médecins etc... C'est un véritable village vertical suspendu, disposé sur pilotis pour garder plus d'espaces verts. Il y a un parc en face. 

L'idée est de proposer un village vertical où les gens peuvent vivre ensemble et d'offrir tout le confort aux familles. Il y a une seule entrée pour que les gens puissent se croiser et se connaître. 


Cellules avec deux appartements bleu et jaune. Couloir en rouge.



Vue intérieure d'un appartement avec une grande baie vitrée. Escalier descendant à gauche. 

Vue d'un appartement avec escalier ascendant à gauche. 

Tout le mobilier est pensé par Le Corbusier et établi sur le modèle du modulor. Tout est pensé selon les proportions humaines et chaque espace est pensé pour être utilisé de manière intelligente.  Sorte d'utopie, Le Corbusier cherchait à maximiser le confort des habitants. Par exemple des étagère mobiles permettent de cacher un placard à balais, un vide ordure est prévu dans la cuisine pour faire descendre directement les détritus, celle-ci était ouverte pour que la cuisinière ne se sente pas isolée (conçue par Charlotte Perriand) une boite fermée à l'extérieur à l'entrée de l'appartement permettait la livraison de produits du quotidien, des bancs sont disposés dans certaines galeries pour que les gens puissent discuter entre eux. 

Qu'est-ce que Le MODULOR ?
Mis au point en 1945 par Le Corbusier. Dans le monde entier, on doit construire, fabriquer et pré-fabriquer. Les produits voyageront de province en province, de pays en pays, de continent en continent. II faut découvrir une mesure commune !
Le modulor est basé sur la stature humaine et utilise le  nombre d’or. Il est né de l’observation de la nature. On y retrouve le nombre d'or dans les plantes, la coquille d'un escargot, le corps... 
Toute la cité radieuse est faite selon ses proportions. les appartements ont une hauteur qui correspond au modulor le bras levé (modulor basé sur un homme de 1.83 m) et la largeur correspond à 2x 1.83m. 

"la nature est mathématique, les chefs-d'œuvre de l'art sont en consonance avec la nature ; ils expriment les lois de la nature et ils s'en servent" Le Corbusier


Vue d'un couloir sombre avec lumières et couleurs. 


Le nombre d'or qu'on appelle "divine proportion" ou "chiffre d'or" se retrouve également dans beaucoup d’œuvres de la Renaissance italienne. Son origine remonte à l'antiquité lorsque Euclide écrit dans son livre " un rectangle est dit coupé en extrême et moyenne raison quand, comme le plus grand côté est au plus petit, ainsi est le plus petit relativement à la moitié plus grand". 

L'utilisation du nombre d'or assure une harmonie esthétique.

 


Exemples de figures basées sur le nombre d'or. 

nombre d'or présent

nombre d'or présent

nombre d'or présent

La spirale d'or se fait à partir d'un carré et d'un rectangle d'or. 


Ainsi, Le Corbusier exploite le nombre d'or dans son modulor et met au point un système basé à partir des proportions humaines, le nombril en tant le centre.  On retrouve plusieurs représentations du modulor dans ses unités d'habitations. 

Modulor. Dessin de Le Corbusier


Vue de l'intérieur de la Cité Radieuse


Le modulor à l'extérieur de la Cité Radieuse.

Pour ceux qui veulent aller plus loin dans le modulor voir le lien ici



Les cellules d'Absalon 
Meir Eshel  est un artiste sculpteur israélien. A 20 ans il est renvoyé de l'armée et va dans le désert pour la péninsule du Sinaï en Egypte où il construit sa première maison. Arrivé en France il étudie à l'école nationale Supérieure d'Arts de Paris et prend le nom d'Absalon. 


Cell N° 2 1991


Il crée une série d'unités de vie individuelles basées sur des actions de routine quotidienne et conçues entièrement en fonction de ses mesures. Il utilise le blanc pour réduire les distractions. Ce sont de petites pièces d'habitat minimal individuel où l'on s'isole. Entre sculpture , design, architecture et urbanisme jouent sur une combinatoire d'unités modulaires pour imposer l'idée de clôture spatiale et de suspension temporelle. Leurs extension et réagencement transforment successivement de simples boîtes d'apparence hygiéniste en Cellules puis en Proposition d'Habitation, lieux de réclusion parfaitement fonctionnels. 







Il emprunte à Le Corbusier l’utilisation de volumes simplifiés et au Bauhaus l’idée d’ attribuer autant d’importance à l’œuvre de l’artiste qu’à sa vie. Ses cellules révèlent son obsession pour la rigueur et l'ordre. Ses œuvres constituent des refuges mettant l'individu à l'abri de la société moderne, comme une forme de protestation 
Ses œuvres ne peuvent être catégorisées : sculpture, architecture, urbanisme. Tous ces termes sont réducteurs.
Proposition d'habitation 1990

Avec « propositions d’habitation » le déplacement du corps est contraint par les éléments du mobilier aux formes simplifiées et géométriques définies à l’exacte mesure du corps d’Absalon.

Cellule n°1 1992


Avec Cellule N° 1, il radicalise sa démarche avec un espace clos construit avec une voûte en berceau : Cela crée un cloisonnement comme un tombeau.
Son dernier projet était de construire 6 cellules dans 6 villes différentes qu’il occuperait réellement selon ses déplacements. Les deux seuls prototypes existants sont réalisés aux mesures de l’artiste sur 9m2 maximum, pour n’admettre que les gestes réduits au strict minimum selon les  besoins de la vie quotidienne. L'artiste est mort prématurément à 28 ans.




dimanche 17 mars 2024

COURS 9 : CRÉER A PLUSIEURS ( 1ERE SPE)

 I. HISTORIQUE : COMMENT LES ARTISTES EN SONT VENUS A CO-CREER OU COLLABORER ?


1. Tradition de l'atelier VS collaboration  et co-création durant le moyen-âge et la Renaissance.

Tout d'abord il faut comprendre la différence entre co-création et collaboration. Une collaboration est forcément une co-création, mais l'inverse n'est pas toujours vrai. Par exemple certains artistes demandent aux spectateurs de participer et de co-créer, même s'ils n'ont aucune qualification, en revanche une collaboration demande un savoir-faire. Mais attention, il ne faut pas confondre co-création et oeuvre participative (vous me suivez ?) . Dans une oeuvre participative le spectateur ne crée rien, il peut toucher, appuyer sur des boutons, interagir mais cela ne modifiera pas l'oeuvre, tout est prévu par l'artiste. Lorsqu'il est dans la co-création, le spectateur crée quelque chose, même s'il n'a pas de savoir faire particulier. Pour prendre un exemple parlant, JR est un artiste qui utilise la notion d'oeuvre participative et de co-création. De manière générale ses travaux sont des oeuvres participatives. Dans son travail sur la pyramide du Louvre, tout est prévu, les spectateurs  donnent un coup de main, mais la création est celle de JR. En revanche dans son projet "inside out project", le spectateur fait les photos, les installe, JR les imprime et les diffuse. Nous sommes dans une co-création entre artiste et spectateur. 


Durant le Moyen Âge, le travail à plusieurs était la norme. Il y avait un atelier avec un Maître, et des assistants et collaborateurs. Chacun intervenait selon son degré d'expertise et de maîtrise. Les chantiers étaient assez importants, souvent mobiles, et on faisait appel à tout un tas de corps de métiers : peintre, architecte, scientifique, mathématicien, ingénieur, sculpteur. 




LA DAME A LA LICORNE :
 Abordons le travail collaboratif autour d'une oeuvre ancienne et connue : "la Dame à la Licorne" datant de 1500. C'est une série de 6 tapisseries symbolisant les 5 sens : le toucher, le goût,l'odorat, l'ouïe, la vue, la 6eme tapisserie étant plus mystérieuse, commentée par l'inscription "A mon seul désir". Ces tentures sont donc des allégories des 5 sens et du désir. 
Ces tapisseries sont anonymes, non signées. Le commanditaire est un membre de la famille Le Viste, magistrat de haut rang d'origine Lyonnaise, le blason de la famille y est présent. 
A la fin du moyen-âge, les tapisseries étaient des éléments importants dans la décoration des riches demeures. Elles isolaient les murs et permettaient d'étaler la fortune du propriétaire. Leur fabrication était onéreuse car cela nécessitait plusieurs corps de métiers : d'abord un peintre pour faire le carton (ici sans doute  le peintre Jean d'Ypres, Maître d'Anne de Bretagne, enlumineur et graveur)  puis le Licier (tapissier), mais aussi des artisans textile pour fabriquer la laine teintée de pigment ici de garance (plante qui donne du rouge) de très haute qualité pour résister au temps. 



la présence des animaux et des fleurs évoque un jardin d'amour. 

La vue

L'ouïe et l'odorat
Dans la scène de l'odorat, ci-dessus, la jeune femme confectionne une couronne de fleurs. Le singe sentant la fleur pourrait désigner une action privée de conscience. Le singe représente les instincts maîtrisés, dominés par la raison. 

Le goût et le toucher
détail
Détail



Détail




Dans celle ci-dessus "le goût", la dame donne une dragée à un perroquet, celui ci représente l'amant.

 La licorne , animal légendaire, symbole de l'incarnation chrétienne et de l'amour mystique (et donc de la puissance et de a pureté)  fait face au lion qui incarne le pouvoir, la sagesse (emblème de l'évangéliste Saint Marc) .
  Le singe mangeant un fruit évoque le péché originel.
  Le lapin très présent dans la série (il y en a 34) évoque la fécondation, le chien, fidèle compagnon, évoque le foyer conjugal, l'amour dompté.

Dans la scène du toucher, on y trouve lion, licorne, petits animaux, griffon. Le lion et la licorne portent dans toutes les tapisseries des bannières, étendards, capes ... de la famille Le Viste. 



A mon seul désir.

A mon seul désir occupe une place importante dans la compréhension de la tenture. Il y a un pavillon, maintenu ouvert par le lion et la licorne. L'homme dispose des 5 sens  menant au sixième sens qui serait l'intellect. Les 5 sens sont guidés par le désir (Selon Platon). Ainsi, les sens participent à l'acquisition de la connaissance. 



LE RETABLE DE SALUCES 
Voyons un autre exemple de travail artistique en collaboration. 
Le retable est une construction verticale avec des décors sculptés ou peints, parfois les deux. Ce retable est fait pour être placé en arrière de la table d'autel dans un édifice religieux. Il peut être composé de plusieurs volets (diptyque, triptyque, polyptyque).

Le retable des Saluces se trouve à Bruxelles. Il date de 1500 à 1510. Ce retable est assez particulier car il es composé de plusieurs volets, comme un livre. Il peut donc être présenté aux spectateurs de 3 façons : fermé (en absence de cérémonies), ouvert avec ses 4 panneaux peints (lors de fêtes religieuses ordinaires), ou encore ouvert une deuxième fois lors des grandes fêtes avec un ensemble de sculptures dévoilées à l'arrière. 
La multitude d'intervenants en fait un chef d'œuvre d'art religieux.  Il a fallu une étroite collaboration entre artistes et artisans qui ont tous mis leurs compétences au service de l'œuvre commandée. Cette complémentarité permet d'atteindre le sublime et dépasse les individualités. Il aura fallu faire intervenir des menuisiers, peintres, sculpteurs, mouleurs, doreurs. Réalisé à Bruxelles pour un riche marchand. 
Créer à plusieurs est une activité assez répandue où l'individualité est peu présente. Les artistes restent dans l'anonymat. 






II . 1ere MOITIE DU XXe  : Développement de groupes, associations, collectifs d'artistes


"La figure de l’artiste à la tête d’une équipe qui l’assiste dans son travail est souvent occultée au profit de l’image d’Épinal de l’être asocial, isolé dans sa mansarde face à son chevalet, qui date de la fin du XIXe  siècle et du début du XXe , et qui ne concernait à l’époque qu’une poignée d’individus. Pourtant l’on sait à quel point l’histoire de l’art fourmille de ces figures de peintres ou de sculpteurs œuvrant à la tête de vastes ateliers. À la Renaissance, Michel-Ange ou Raphaël dirigent un grand nombre d’apprentis qui les aident dans leurs chantiers les plus importants (la chapelle Sixtine et les chambres du Vatican). Ils ont néanmoins des conceptions du travail et de la production opposées. L’un, par son caractère ombrageux, tourmenté et irascible, entretient un rapport de force tyrannique et hiérarchisé, tandis que le second utilise les compétences de chacun en octroyant des responsabilités valorisantes. À Amsterdam, au XVIIe  siècle, dans l’atelier de Rembrandt, les foules se pressent pour voir les œuvres du maître [...] Celui-ci y accueille de très nombreux élèves qui viennent apprendre le métier, renforcer leur vocation et participer à l’œuvre du peintre célèbre. Il accorde une très grande importance à son activité d’enseignement. Certains apprentis broient et mélangent les pigments, d’autres réalisent des études d’après l’antique, et d’autres encore apprêtent les toiles, le plus jeune est chargé d’installer les couleurs sur la palette du professeur, les plus âgés réalisent des portraits. L’atelier est une petite entreprise familiale et une école d’art à elle seule, fonctionnant en autarcie" 
               extrait de " Le Mythe de l’artiste au-delà des idées reçues" par  Isabelle de Maison Rouge 


Ainsi, peu d'artistes étaient seuls : Courbet, Van Gogh l'étaient, mais le plus souvent les artistes se regroupaient en "mouvements artistiques", se rendaient visites, exposaient ensemble, on retrouve des sujets communs. 
Nous allons voir ci-dessous les groupes emblématiques basés sur l'idée du collectif. 



►Marcel Duchamp a toujours été très entouré. A travers le groupe DADA, il remet en cause le statut de l'artiste. Pour lui "c'est le spectateur qui fait l'œuvre" à travers sa perception qu'il en a. Son regard est plus important que l'acte créateur. Duchamp est avant-gardiste, il brouille les limites, casse les traditions, va à l'encontre des règles. 



Très ami avec Man Ray, Marcel Duchamp crée en collaboration avec le célèbre photographe son alter égo : Rrose Sélavy (jeu de mot à l'orthographe improbable). Ensemble ils reprennent les codes de la photographie de studio : regard langoureux, posture des mains, fourrure, cadrage, lumière, fond neutre.  Pendant que l'un pose et se travestit en femme, l'autre photographie. C'est une oeuvre à quatre mains. Ils inventent l'eau de toilette "Belle haleine" en 1920 21, et Robert Desnos, poète, se joint à la farce en écrivant le poème  "Rrose Selavy, etc..."'  C'est le groupe qui donne la dynamique, l'impulsion, il bouscule les conventions encore très présentes 




► Le surréalisme :
Après DADA, beaucoup d'artistes ont basculé dans le "surréalisme". Mouvement artistique utilisant toutes les forces psychiques libérées du contrôle de la raison (automatisme, rêve, inconscient) , il lutte également  contre les valeurs reçues et les conventions. Il se caractérise par la transdisciplinarité : peinture, objet, collage, cinéma, costumes...) et la collaboration entre ses membres qui est fondamentale. On y retrouve Max Ernst, André Breton, Man Ray, Salvador Dali, René Magritte,  Joan Miro, Yves Tanguy etc... 


Le cadavre exquis est un jeu graphique ou d'écriture collectif. Le principe est qu'un dessinateur commence un dessin puis le cache en laissant apparaître un tout petit bout pour qu'un second dessinateur puisse à son tour dessiner en continuant la petite partie visible, sans savoir ce que son prédécesseur a fait. Ainsi un dessin collectif improbable surgit, sans logique. Le résultat est surprenant, et c'est l'expérience qui est la plus importante.  




LE BAUHAUS
Ecole d'arts appliqués et d'architecture allemande, Le Bauhaus est devenu un courant artistique autour du design, de l'architecture, de la photo, des costumes et de la danse. L'idée est de faire se croiser les disciplines, les artistes, et relier l'art à l'industrie. 

Dans le manifeste de l'école de l'origine, Gropius, son fondateur, déclare « Nous voulons, concevons et créons ensemble la nouvelle construction de l’avenir, qui embrassera tout en une seule forme : architecture, art plastique et peinture ».
Il y a un désir d'abolir les frontières, de croiser les compétences, de faire se rencontrer les savoir-faire. Il y a une recherche d'épuration reliée à la couleur et à la forme qui donnera naissance à des peintures, objets, architectures. 






III . L'ARTISTE ET SES ASSISTANTS

Le 20e siècle a continué à voir fonctionner des ateliers comme au 16e et 17e siècle. 
Wim Delvoye en fait partie. Il y a l'artiste et ses assistants. Wim Delvoye a l'idée et s'entoure momentanément  d'assistants aux compétences particulières. Ainsi a t-on pu voir des travaux faits par des artisans chinois, afghans, mais dirigés par l'artiste.  Là encore, le savoir-faire de l'artisan est au service de l'œuvre. 

Parmi différentes œuvres de l'artiste nous parlerons de son travail autour des cochons "Art Farm". 
Il tatoue des cochons à partir de 1995. Cette œuvre est très controversée. Cela commence par un élevage en Chine dans une ferme de porcelets. Ils sont ensuite tatoués sous anesthésie générale par un tatoueur professionnel chinois. On peut y voir des tatouages de marques de luxe ou de personnage de Disney ou encore traditionnels. Wim Delvoye aime confronter des idées contraires : la fragilité avec la violence, la trivialité avec le sacré, le vulgaire avec le chic, l'art avec l'industrie, ici avec ses cochons il confronte consommation avec l'animal, le vivant. Il produit une œuvre d'art mi-animale, mi-objet, mi-humaine. les tatouages d'ordinaires réservés à l'humain sont ici destinés au cochon. Il y a donc une relation entre l'animal et l'humain. Ses cochons sont choyés et ont une vie heureuse. Ils sont vendus à des collectionneurs qui peuvent ainsi les voir vivre dans la ferme grâce à des caméras installées. Une fois que le cochon meurt de mort naturelle, il est naturalisé ou sa peau est gardée, tannée et donnée au propriétaire. 
Art Farm soulève plusieurs préoccupations éthiques liées à l’instrumentalisation et à l’absence de consentement de l’animal, à son bien-être et à sa possible souffrance, à notre responsabilité collective envers lui et à son traitement dans l’industrie porcine. 

Chose étrange : lorsqu'il expose ses cochons vivants dans un musée, ce dernier doit demander à changer de statut pour devenir "ferme". Encore une opposition ironique entre un lieu aseptisé comme l'est un musée et une étable. 




Peau tannée. 


Ci-dessus les cochons dans leur ferme en Chine et dessous Wim Delvoye qui tatoue un de ses cochons.

Cochon naturalisé.


IV.  LES COUPLES FUSIONNELS

Dans la création à plusieurs il y a aussi des binômes célèbres, en couple dans la vie. Certains sont fusionnels et créent une œuvre à 4 mains. Si les uns gardent leur identité et se répartissent le travail, d'autres en revanche font tout ensemble, sans qu'il y ait de répartition. 
Nous allons voir les plus célèbres. 

► Niki de Saint Phalle et Jean Tinguely

Couple dans la vie et dans l'atelier, ces deux monstres sacrés de l'art ont réussi a gardé leurs singularités tout en faisant croiser leurs pratiques artistiques. Chacun à sa pratique et son style bien défini, elle faisait des sculptures monumentales et lui des machines qui ne servaient à rien,  mais dans l'œuvre de l'un se cachait une idée ou une intervention de l'autre. Ils réalisent également de grandes sculptures ensemble, comme la fontaine Stravinsky à Paris ou la HON. 

Niki de Saint Phalle est connue pour ses "nanas", grandes sculptures colorées aux formes généreuses. Elle appartient au groupe des "nouveaux réalistes". Autodidacte, elle crée un travail très personnel, engagé et terriblement féministe. Agressée sexuellement par son père elle a connu des périodes de dépressions profondes avant de se raccrocher à l'art pour exorciser son mal-être. Elle fait des "tableaux-tirs" qui sont des reliefs avec des assemblages d'objets divers qu'elle peint en blanc et dans lesquels elle cache des poches de peinture liquide. Elle tire ensuite à la carabine dessus pour les faire exploser et achever le tableau dans les deux sens du terme. 


Niki de Saint Phalle (1930-2002) et Jean Tinguely (1925-1991), Tir sur un tableau-relief de Niki, 26 juin 1961,
Paris, Impasse Ronsin.

Tir, séance 26 juin 1961

Les trois Grâces Niki de Saint Phalle 1994 résine de polyester


Jean Tinguely, enfant terrible de l'art, est un sculpteur suisse, et s'intéresse au mouvement, au bruit et aux matériaux. Il récupère des matériaux dans les casses, chez les ferrailleurs, et en fait des sculptures en mouvement. Il fait partie également du nouveau réalisme, il aime à dire que ses sculptures ne servent à rien, il va jusqu'à créer une sculpture qui s'autodétruit dans les jardins du MOMA à New York. Anarchiste, il aime provoquer, bousculer les idées. Il invente des machines à dessiner, les méta-matics, où le spectateur peut appuyer sur un bouton pour faire marcher la sculpture qui va produire une sorte de gribouillage. 

Homage to New York  1960  MOMA New York

Méta-matic n°8 1959 musée Tinguely Bâle

Ils se rencontrent en 1955 dans l'effervescence créatrice de l'après-guerre. Elle est mannequin, issue d'une famille d'aristocrates ruinés, victime d'une mère violente et d'un père abusif, elle sort d'un hôpital psychiatrique, se sent brisée. Elle se met à peindre pour ne pas sombrer. Lui vient d'un milieu populaire et a eu un passé difficile également. Elle lui rend visite dans son atelier et lui conseille de mettre des plumes à sa sculpture. Ils deviennent amis, complices puis entament une longue  histoire d'amour. ils se marient en 1971.

Leur collaboration va donner naissance à des projets monumentaux. 

 
- La HON 1966

Sculpture monumentale réalisée d'après la maquette de Niki de Saint Phalle en collaboration avec Jean Tinguely et Per Olof Ultvedt, c'est la représentation d'une gigantesque NANA couchée sur le dos, dans laquelle le public peut rentrer par le vagin. l'intérieur de la sculpture se visite comme une maison, il y a plusieurs salles, la sculpture faire 23x13x14 mètres.  La  HON qui veut dire "ELLE" en suédois a été construite dans le plus grand secret pour que l'exposition ne soit pas interdite. On y trouve un bar, des sièges, un toboggan , des œuvres des trois artistes. Elle fut exposée pendant 3 mois puis détruite en trois jours. 
Véritable déesse de la fertilité, ou déesse mère,  la Hon représente une femme enceinte. C'est la première collaboration entre Niki de Saint Phalle et Tinguely. C'est aussi sa première œuvre monumentale. 
Niki de Saint-Phalle en association avec Jean Tinguely et Per Olof Ultvedt, Hon/Elle, 1966, installation éphémère au Moderna Museet de Stockholm

Niki de Saint Phalle, Jean Tinguely, Per Olof Ultvedt. Croquis de Hon -, Moderna Museet, Stockholm, 1966.

« (...) Je fis le petit modèle original qui donna naissance à la Déesse. Jean, qui était capable de mesurer à l'œil, réussit à agrandir le modèle en une carcasse de fer qui était l'exacte réplique de l'original. Une fois que le châssis fut soudé, une immense surface de grillage fut soudée pour former le corps de la Déesse. Sur les petits réchauds électriques, je faisais cuire dans d'énormes marmites des masses de colle de peau de lapin puante. Des mètres de tissu furent mélangés à la colle, puis disposés sur le squelette en métal. Plusieurs couches furent nécessaires pour cacher le support(…). Quand les toiles furent séchées et bien collées, nous avons peint en blanc le corps de la déesse. Puis je la décorai en apportant quelques modifications au modèle original. Plus tard, avec l'aide de Rico, je peignis la sculpture. [...] Pendant ce temps, Jean et Ultvedt s'occupaient à remplir l'intérieur du corps de toutes sortes d'attractions. Nous avions six semaines pour produire notre énorme géante. nous avons dû travailler 16 heures par jour» Niki de Saint Phalle. 


- La fontaine STRAVINSKY 1983 Paris

la fontaine est une commande publique de la ville de Paris, du ministère de la Culture et du Centre Pompidou. Elle est construite sur la place Igor-Stravinsky, près du centre de recherche en musique contemporaine. Elle est composée de 16 sculptures qui rendent un hommage à Igor Stravinsky, célèbre compositeur. Les sculptures sont en résine, assemblées à des éléments métalliques, c'est donc une œuvre composite (plusieurs matériaux). Elle est en mouvement, toutes les sculptures sont mécanisées, noires et colorées, animées par des jets d'eau. Elle fait 17 mètres x 33 mètres. 

Fontaine Stravinsky Paris Niki de Saint Phalle et Jean Tinguely. 

Leurs deux styles s'identifient tout de suite, mais se complètent merveilleusement bien. Niki de Saint Phalle s'occupe de la forme, et de la couleur alors que Tinguely s'occupe des mécanismes, du mouvement. 

Voir le magnifique documentaire  sur leur relation "Niki de Saint Phalle et Jean Tinguely : Les Bonnie and Clyde de l'art" de Anne Julien et Louise Faure 52 minutes ci dessous. 2011





Pierre et Gilles (révision)
Le couple français Pierre et Gilles est composé de Pierre Commoy photographe et Gilles Blanchard peintre. Ils vivent et travaillent dans la région parisienne. Leur travail se situe entre photographie et peinture, mettant en scène des gens connus ou inconnus, dans un décor kitsch, construit dans leur studio.  Ils se rencontrent jeunes en 1976 et leur collaboration commence en même temps que leur vie commune. Ils partent d'une idée qu'ils pensent ensemble, ils fabriquent le décor, Pierre prend la photo, le tirage se fait sur toile, et Gilles reprend la photo à la peinture pour effacer les défauts et magnifier le portrait, le rendant presque artificiel. 
Autoportrait "les Cosmonautes" Gilles à Gauche et Pierre à droite. 


► Gilbert et George
Ils se sont rencontrés alors qu'ils étaient étudiants en 1967. Ces deux performeurs se définissent comme sculpture vivante. Ils se sont créés un personnage avec costumes d'hommes d'affaires, canne, gant. Leur performance "the singing sculpture" de 1970 est accompagnée d'une vieille rengaine des années 30 "Underneath the arches" enregistrées sur un magnétoscope. Leur visage est peint de peinture métallique dorée et ils dansent sur une table, tels des automates. La performance qui ne durait au départ que quelques minutes est devenue une performance de 8h. 



ci-dessus la performance "the singing sculpture" 1970


Par la suite ils font des photomontages de grand format, avec des couleurs très contrastées et des grilles noires en surimpression. Ce sont souvent des autoportraits, leur corps devient motif. Leurs personnalités sont tellement fusionnées qu'ils se considèrent comme une seule entité. Il n'y a pas de répartition des rôles et savoir-faire, ils font tout ensemble, et il est fréquent que l'un complète la phrase de l'autre. Leur rencontre a créé une entité, ils sont inséparables. A tel point qu'ils déclarent " nous sommes deux individus, mais un seul artiste " "il y a des artistes qui collaborent, pas nous". 
Interrogés sur leurs méthodes de travail, ils expliquent qu'ils arrivent dans leur studio chaque matin les mains vides, mais ils connaissent parfaitement les pensées de l'autre. Pour eux il n'y a pas de collaboration possible puisqu'ils sont un. 


Marina Abramović et Ulay
Ces deux performeurs en couple dans la vie et dans leur travail ont collaboré durant 12 années de 1976 à 1988 pour créer des performances poignantes, voire dérangeantes basées sur la relation à deux. Marine Abramović est Serbe, Ulay est Allemand. Avant de se rencontrer chacun était artiste, elle performeuse, lui photographe. Ils se rencontrent en 1975 et entament une relation à la fois amoureuse et artistique. Leur relation fusionnelle deviendra l'objet de leurs performances. Le but est de ne devenir qu'un.
 
"Leur pratique visait à ne devenir qu'un. Une personne, un seul ego". Gary, directeur des festivals Performatorium et Queer City Cinéma

leurs performances nécessitaient peu de matériels et s'ancraient dans le temps. Ils se sont séparés en 1988. Voici ci dessous quelques performances célèbres. 

- Relation in time 1977 / 2010:
Performance de 17h, elle n'a été visible par le public que sur la dernière heure. Le couple est installé assis dos à dos, leurs cheveux noués ensemble. Ils ne parlent pas, bougent à peine, ne mangent pas. C'est une véritable performance physique où lorsque l'un fatigue, l'autre doit s'adapter à la posture de ce dernier. Rester 17 h assis fait passer le corps par différents états. Le corps s'affaisse, obligeant l'autre à suivre le mouvement. Cette performance montre le lien physique et psychologique entre les deux artistes. (voir la vidéo ci-dessous).




- Respirer/expirer : Breathing in - breathing out" 1977
Les deux artistes sont face à face agenouillés, pressant leurs bouches l'une contre l'autre. Les nez sont bouchés par des filtres à cigarettes. Le premier respire de l'oxygène et expire du dioxyde de carbone. L'autre respire le dioxyde de carbone et le renvoie au premier et ainsi de suite. Ils partagent leur souffle sans reprendre de l'oxygène. Durant 19 minutes les corps sont mis à rude épreuve, Abramovic commence à transpirer, Ulay arrive à contrôler son souffle plus longtemps. Cette performance, relativement courte mais très intense met en danger leur vie. ils finissent par lâcher au moment où cela devient insupportable. 





- Rest energy 1980

Avec "Rest energy", le couple met à l'épreuve la confiance en l'autre. Chacun d'un côté de l'arc tendu par le poids des corps en équilibre, la flèche dirigée vers le cœur de Marina, une défaillance pourrait être fatale. Des micros sont disposés contre leurs cœurs pour entendre l’accélération du rythme cardiaque. Ici encore la notion de danger est présente, la performance dure 4 minutes et 12 secondes devant un public.  Le titre de l'oeuvre fait référence à l'effort dégagé durant la performance.



Bernd et Hilla BECHER 

Ces deux photographes ont créé des photographies frontales d'architectures industrielles. Leur protocole est très rigoureux et toujours le même : vue frontale, noir et blanc, centrage du sujet, même lumière. Ils créent des "typologies" des bâtiments industriels, c'est à dire des sortes d'inventaires de constructions menacées de disparition. Ils procèdent selon une démarche scientifique car ils classent , archivent selon les lieux. Le côté géométrique ressort dans leurs travaux, ils ne savent plus qui a photographié tel ou tel bâtiment. Il n'y a pas de définition de rôle. 


Anne et Patrick POIRIER

Ce couple français fait un travail sur une archéologie fictive, la mémoire est un lieu d'interrogation de l'identité individuelle et collective. Les 2 artistes réalisent de grandes maquettes, des installations ou sculptures qui sont exposées en intérieur ou in situ, et racontent des histoires à partir de traces du passé fictives. Ils tirent leurs idées de voyages, fouilles de civilisations anciennes, du patrimoine. les idées viennent de leurs discussions, il n' y a pas de répartition des tâches. 


Anne et Patrick Poirier " oeil de l'histoire" parce du château de Chaumont-sur-Loire Marbre 2010



Eva et Adèle :
Ce couple  utilise leur singularité pour créer une œuvre. Leurs corps sont leurs matériaux. Il utilise son interrogation du genre pour en faire des performances. Eva et Adèle se sont construites une identité avec le crâne rasé, des vêtements féminins, la couleur rose, et se voient en tant que Sculptures vivantes et œuvrent pour la cause du transgenre. leurs performances ont lieu lors d’événements, elles sont préparées à l'avance, aucun détail n'est laissé au hasard. leur démarche se rapproche de celle de Gilbert et George. 





► Claes Oldenburg et Coosje Van Bruggen

Oldenburg était un artiste reconnu avant de rencontrer Coosje Van Bruggen. Il faisait partie du pop art et proposait des sculptures "soft" et "hard", c'est à dire à l'apparence molle ou dure. Ainsi pouvait-on  voir un sachet de frites surdimensionné renversé en tissu à l'aspect mou, ou un WC avachi, ou bien pour la partie dure des représentations de vêtements ou accessoires en plâtre.  Coosje Van Bruggen était historienne de l'art. 

Claes Oldenburg est né le 28 janvier 1929 à Stockholm en Suède.
A 7 ans, il émigre aux Etats-Unis avec sa famille.
Il fait une école d’art à Chicago puis s’installe en 1956 à New-York. Il a alors 27 ans et cette ville représente un tournant décisif dans son œuvre : marqué par le spectacle de la rue, de la foule, des graffiti, il organise avec Dine, Samaras et Kaprow les premiers happenings, à la Judson Gallery.
Oldenburg développe son travail durant les années 1960 dans la mouvance du Pop'art.
Il réalise son premier monument public en plein air en 1967 Placid Monument Civic.
À partir de 1975, il collabore avec Coosje van Bruggen, historienne d’art, sculptrice et critique.
Il l'épouse en 1977. Elle meurt en 2009.




Née à Groningue, aux Pays-Bas, le 6 juin 1942, et y ayant fait ses études, Van Bruggen a fait ses débuts professionnels en tant que conservatrice au Stedelijk Museum d'Amsterdam et professeur à l'Académie des beaux-arts d'Enschede. Son premier travail avec Oldenburg est venu en 1976, quand elle l'a aidé à installer sa "Trowel I" de 41 pieds sur le terrain du Musée Kröller-Müller à Otterlo.     
Elle est très attachée à la dimension politique de ses œuvres et à leur rapport à l'histoire.

C'est lors d'une exposition d' Oldenburg qu'ils se sont rencontrés.



Conçue à l’origine en 1969 sans site particulier, le modèle en contreplaqué "Trowel I" attendait dans l’atelier.
« Truelle I » a été fabriquée aux Pays-Bas à partir de plans et de modèles préparés à New York et a été exposée dans le parc Sonsbeek à Arnhelm aux Pays-Bas
Cosje Van Bruggen était co-éditeur du catalogue d’exposition.
Après l’exposition, l’oeuvre a été donnée au musée Kröller-Müller à Otterlo, placée à un carrefour dans un parc national attenant ;
Cosje Van Bruggen était très critique face au lieu d’exposition et à la couleur de l’œuvre.
Les deux artistes se sont associés à une re-fabrication et une relocalisation de l'œuvre financée par le Musée. Elle propose de changer la couleur : l’argenté transforme selon elle la sculpture en ustensile de table.
Elle propose le bleu basé sur la couleur de la combinaison des ouvriers néerlandais pour qu’elle redevienne outil.
Elle propose d’implanter la sculpture dans le parc de sculptures en plein air du musée.

En 1976 Trowel est installée dans une partie relativement sauvage du jardin.





Ici la collaboration entre les deux artistes a donné plus d'ampleur au travail de Oldenburg, ici Coosje s'est adossée à la pratique de Claes pour lui insuffler plus d'importance. Les rôles sont donc bien distribués.

Oldenburg et Van Bruggen choisissent des objets usuels, communs, souvent petits et en rapport avec une action manuelle ordinaire : brosse à dents, tube de rouge à lèvre, pince à linge, truelle, cigarette, volant de badminton, cuillère, couteau, boîte d’allumette, prise de courant…
Coosje van Bruggen dit : « … nous travaillons avec des objets intimes : une vis, une brosse à dents, ça tient dans la main… » et Oldenburg ajoute : « Ils ont un rapport à la personne, au corps, au toucher. »
Ces objets référents sont des productions industrielles souvent disponibles à des millions d’exemplaires, des objets que nous utilisons sans y prêter attention ou que nous consommons en masse (bâton de glace, hamburger, cornet de frite…).

Oldenburg parle de leur collaboration comme «une unité d'opposés»
Au fil des années, elle a également joué un rôle de plus en plus important dans les «projets à grande échelle» que le couple a produits en équipe.
"Quand elle est venue dans le monde des artistes créatifs, en collaboration avec Claes, elle avait déjà développé sa façon de voir les choses", a déclaré Paul Schimmel (conservateur du Museum of Contemporary art) . «Il était joueur. C'est un dessinateur; il commence par une ligne sensuelle. Elle a regardé les choses avec une approche beaucoup plus conceptuelle et systématique. Bien que Claes était clairement bien connu pour ses sculptures publiques avant leur collaboration, je pense que c'est vraiment à cause d'elle et de ce qu'elle a apporté au partenariat qu'ils ont pu effectuer autant de commandes publiques importantes au cours des 20 dernières années. Elle a fourni un formidable équilibre à ce que Claes a apporté de manière créative. »

Quelques exemples de sculptures monumentales : 

La bicyclette ensevelie  1990 Paris

La Bicyclette ensevelie est une œuvre située à Paris, en France. Installée en 1990 dans le parc de la Villette, il s'agit d'une sculpture monumentale représentant des éléments disparates d'une bicyclette (roue, guidon, pédale et selle) partiellement enfouis dans le sol.

Knife slicing through wall 1989 Los Angeles

Jumelles 1991 Californie

Pince à linge philadelphie 1976

Cuillère et cerise Minneapolis 1988


Pour conclure : 

Pour en savoir plus sur le couple cliquer ici

COURS 12 : LIENS ENTRE ARTS PLASTIQUES , THEATRE, DANSE ET MUSIQUE ( 1ERE SPE)

I. LIEN ENTRE ARTS PLASTIQUES ET DANSE ► Théâtralisation de l'oeuvre et du processus de création Nous allons étudier dans cette partie d...