mercredi 10 avril 2024

COURS 12 : LIENS ENTRE ARTS PLASTIQUES , THEATRE, DANSE ET MUSIQUE ( 1ERE SPE)

I. LIEN ENTRE ARTS PLASTIQUES ET DANSE

► Théâtralisation de l'oeuvre et du processus de création


Nous allons étudier dans cette partie du programme la théâtralisation de l'oeuvre et celle du processus de création.  Certains artistes comme Trisha Brown décloisonnent les disciplines et montrent en même temps que l'oeuvre son processus. 

Trisha Brown ( 1936 2017)est une danseuse chorégraphe américaine post-moderne qui a collaboré avec de nombreux artistes contemporains (plasticiens, compositeurs, musiciens), elle renouvelle la danse, rejette les conventions scéniques et cherche des endroits insolites (toits, rues...) pour se représenter. Sa scénographie est innovante, ouverte (voir vidéo ci-dessous qui résume sa carrière). Elle collabore avec des artistes tels que Robert Rauschenberg ou Donald Judd. Elle est également plasticienne. 


Dans "it's a draw" de 2002, elle mêle ses œuvres plastiques et picturales à une performance au cours de laquelle le mouvement produit une trace graphique. Ainsi elle invite le spectateur à être témoin du processus de création. L'oeuvre est un solo, expérimental : "je voulais montrer la planche à dessin qui se tient à l'arrière de ma cervelle quand je crée" dit-elle. 
Elle préfère montrer le processus plutôt que le résultat. Après 40 ans de danse, elle cherche à réunir dessin et danse. 
«Je m'exprime par plusieurs voies: la danse, le dessin, la musique, et maintenant la mise en scène d'opéra. C'est trop. Je suis fatiguée de cette fragmentation.»

Ainsi trouve t-on au sol de grandes feuilles de dessin, et Trisha Brown, avec des craies noires, se lance en activant son corps. 
Trisha Brown "it's a draw/live Feed" 2003

Dessins de Trisha Brown

Dessins de Trisha Brown

Elle crée des performances, des improvisations, de la danse-contact. Le mouvement devient source d'inventivité et de composition. Sa performance "it's a draw" combine les évolutions chorégraphiques à une composition plastique. 


Voir la vidéo de "it's draw".

Extrait de It's a Draw - Trisha Brown / 22e Festival Montpellier Danse from Montpellier Danse on Vimeo.


Trisha Brown et Robert Rauschenberg : Ils se rencontrent en 1960 et s'aident et se produisent mutuellement. Leur relation de collaboration est officialisée en 1979 quand il conçoit le décor et les costumes pour la 1ere oeuvre de Brown. Il conçoit des costumes et décors peu honéreux. 

Costumes irisés et cuivrés et des lumières de soleil couchant signés Robert Rauschenberg pour Brown. 

«Dans nos collaborations, j'étais un paratonnerre pour les projections théâtrales de Bob. Il me les a décrites telles qu'elles lui venaient à l'esprit, appelant souvent au milieu de la nuit. À mon tour, j'imaginais les descriptions proposées et, dans certains cas, je chorégraphiais en pensant à la notion spatiale de l'ensemble qu'il m'a décrit. » T. Brown.

C'était une collaboration dans le vrai sens du terme, chacune s'inspirant de l'autre. Pour le solo de Brown "Si tu ne pouvais pas me voir(1994)", c'est Rauschenberg qui a suggéré à la  danseuse de  de se produire sans jamais faire face au public. Alors qu'il avait initialement proposé qu'elle se produise nue, Rauschenberg a travaillé avec Brown pour concevoir un costume blanc ajusté qui lui exposait le dos pour souligner la chorégraphie. Rauschenberg a également composé la partition électronique de l'œuvre.



Costume dessiné par Rauschenberg pour Trisha Brown Dance Company "Si tu ne pouvais pas me voir" (1994). Sur la photo: Trisha Brown



Astral Convertible collaboration Trisha Brown et Robert Rauschenberg


Son ensemble pour "Astral Convertible" (1989) était également mobile, avec une «forêt» de huit tours autoportantes en aluminium équipées de capteurs qui détectaient le mouvement pour déclencher la lumière et le son, créées avec les ingénieurs Per Biorn et Billy Klüver. Le design a satisfait la demande de Brown pour un ensemble pouvant être utilisé à l'extérieur, réalisé pour Astral Converted (50 ") (1991), qui a réutilisé les tours pour une performance sur les marches de la National Gallery of Art, Washington, DC



Astral Convertible excerpt, 1990 from Robert Rauschenberg Foundation on Vimeo.

Robert Rauschenberg est un plasticien américain néo-dada, précurseur du Pop art, né en 1925 et mort en 2008. Il réalise des photos, peintures, gravures, installations,chorégraphies, musiques. Il collabore avec John Cage, Merce Cunningham, et Trisha Brown. Il contribue au décloisonnement des disciplines. 

« Monogram » de Robert Rauschenberg 1955 installation

II.  LIEN ENTRE ARTS PLASTIQUES ET MUSIQUE 

Norman McLaren (1914 1987) est un réalisateur canadien, le plus grand maître de l'animation. Il innove dans la création du  son. Il dessine directement sur la pellicule (aujourd'hui disparue) la piste sonore optique de ses films. Il crée des ondes sonores/ L’ œil voit ce que l’oreille entend et inversement. l’ œil entend et l’oreille voit. Il fait partie des gens peu nombreux à voir la musique en forme. Son travail relie son et image.


Son film ci dessous "la pointe de la plume" est très pédagogique, il explique comment un son peu produire une forme et un mouvement. 


grattage de pellicule pour créer de l'image et du son.


Michel Gondry, réalisateur, musicien, auteur de BD (né en 1963) a également plusieurs cordes à son arc : il est batteur dans un groupe de musique "oui oui" et réalise les clips du groupe entre 1980 et 1992), il est décorateur,dessinateur pour les séries TV d'animation "les triplés", "Rahan fils des âges farouches", et il réalise les clips de Björk.


                                                           Clip pour OUI OUI ci-dessus 

                                                Clip pour I AM "je danse le mia" ci dessus



Parmi les effets et mouvements de caméra il utilise le morphing en vogue à l’époque (transformation d’une personne en une autre) de manière différente . Il l’utilise pour passer d’un plan à un autre (voir clip d’IAM « je danse le mia »).

                                                     Clip de M "grand petit con" ci-dessus

Dans le clip de M, il utilise des moyens techniques très simples (ciseaux, papier, colle…) pour créer l’animation faussement naïve.  Le clip est filmé avec un smartphone.

Il utilise une esthétique du fait-maison et joue avec les codes de la BD.  




Céleste Boursier-Mougenot né en 1961 à Nice est un artiste compositeur et plasticien français. Il cherche à donner une forme autonome à sa musique en réalisant des installations. Il génère des formes sonores qu'il qualifie de vivantes à partir d'objets les plus divers. 

Avec son installation "sans titre"de 2011 on trouve une sorte de piscine bleue avec des bols en porcelaine qui flottent et qui se percutent, créant un son différent selon la taille des récipients. L'installation est à la fois reposante et immersive.

 Étroitement liée à l’architecture ou à l’environnement du lieu d'exposition où elle est présentée, chaque installation constitue le cadre propice à une expérience d'écoute exceptionnelle.

L'installation a un aspect simple, les porcelaines sont choisies pour leur sonorité. La mélodie ressemble à celles issues des bols tibétains. Il y a un détournement des objets, comme des ready-made en instruments de musique. 
sans titre, 2011 Sol en médium non verni, liner en PVC bleu (7,5m de diamètre), pompe et système de résistance chauffante à thermostat, 100 récipients en porcelaine Réalisation in situ à l’occasion de l’exposition French Art today : Marcel Duchamp prize, Musée national d'art contemporain de Séoul, Corée, juillet - octobre 2011 



Avec "from here to ear" de 2009, on est face à une installation sonore immersive avec des guitares électrique amplifiées et 70 pinsons zèbres. L'oeuvre est vivante et éphémère, l'espace muséal devient volière. L'ensemble est organique, il réagit en fonction des mouvements des oiseaux et du public. Le spectateur fait partie de l'oeuvre.
« from here to ear » 2009 installation détail

« from here to ear » 2009 installation détail

« from here to ear » 2009 installation avec Céleste Boursier-Mougenot




III. Décloisonnement des disciplines théâtre, danse, musique et arts plastiques 

 ADRIEN M et CLAIRE B 
Fondée en 2011 par Claire Bardainne et Adrien Mondot, la compagnie Adrien M & Claire B crée des formes à la croisée des arts visuels et des arts vivants. Leurs spectacles et installations placent le corps au cœur des images, et mêlent artisanat et dispositifs numériques, avec le développement sur-mesure d’outils informatiques. Ensemble, ils interrogent le vivant et le mouvement dans ses multiples résonances avec la création graphique et numérique. Il en surgit un langage poétique visuel, associant imaginaire, réel et virtuel porteur d’infinies perspectives d’exploration. Aujourd’hui, la compagnie Adrien M & Claire B est constituée d’une trentaine de collaborateurs. (extrait du site À propos – Adrien M & Claire B (am-cb.net)

PIXEL : spectacle avec 11 danseurs évoluant dans un environnement en trompe l'œil, mélangeant énergie, poésie, hip-hop et cirque. Les deux artistes collaborent avec le chorégraphe Mourad Merzouki et la compagnie Käfig .
Pixel 2014 1h 10 travail numérique : Claire B et Adrien M et chorégraphie : Mourad Merzouki 



« Notre rapport à l'image est celui du trompe l'œil. Nous cherchons à transformer la perception, à brouiller les pistes du vrai et du faux, à franchir les frontières quotidiennes du réel, et faire apparaître des choses qui ne sont pas "possibles”. Modifier, distordre et décaler le rapport au temps et à l’espace. Et c'est également la recherche que mène le danseur, dans le hi-hop avec son corps. C’est de ce point de rencontre qu’est né ce spectacle : la recherche de l'illusion. »
Claire Bardainne & Adrien Mondot






Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.

COURS 12 : LIENS ENTRE ARTS PLASTIQUES , THEATRE, DANSE ET MUSIQUE ( 1ERE SPE)

I. LIEN ENTRE ARTS PLASTIQUES ET DANSE ► Théâtralisation de l'oeuvre et du processus de création Nous allons étudier dans cette partie d...