► MONSTRATION DE L'OEUVRE VERS UN LARGE PUBLIC : Faire regarder, éprouver, lire, dire l'oeuvre exposée, diffusée, éditée, communiquée
Les centres d'art, les musées, galeries s'interrogent sur les données et modalités d'une médiation. Certains vont mettre à disposition un plan de la salle pour que le spectateur puisse se repérer, des textes sont affichés, des visites commentées sont souvent prévues, des ateliers, des audioguides peuvent être proposés au public.
Tout cela permet d'expliquer le travail de l'artiste, d'éduquer le public, d'éclairer la compréhension de l'oeuvre, de guider le spectateur.
Dans l'exposition "Faire son temps" de Christian Boltanski (1944-2021) organisée par le Centre Pompidou, un document est proposé à l'entrée pour le visiteur. Un extrait d'un entretien entre Bernard Blistène (conservateur et directeur du Centre Pompidou) et Christian Boltanski y est imprimé et sert d'introduction à l'exposition.
Une deuxième partie est composée des photographies de toutes les œuvres exposées avec une petite explication assez sommaire pour chacune.
Une troisième partie montre le plan de l'exposition avec l'emplacement des œuvres numéroté qui renvoie à la liste précédente.
Pour finir, il est noté le nom du commissaire, celui de l'architecte-scénographe, le chargé de production, les partenariats, les remerciements, les publications, les dates des ateliers, visites commentées, spectacles qui auront lieu durant le temps de l'exposition.
Document d'information sur l'exposition de Christian Boltanski Centre Pompidou 2019 2020. |
Pour les rencontres de la photographie d'Arles qui ont lieu chaque année de juillet à septembre dans toute la ville, (et même hors de la ville), un plan est fourni pour guider le spectateur dans la ville, le renseigner sur les expositions et leur emplacement. Un site internet en parallèle est disponible : https://www.rencontres-arles.com/ pour compléter l'information, ainsi qu'une newsletter que reçoit l'abonné.
Ces exemples d'exposition montrent le rôle pédagogique de l’événement.
Pour une exposition dans un musée ou centre d'art différents métiers interviennent :
- Le conservateur fait l'inventaire des œuvres, il est la plupart du temps directeur de la structure. Il écrit des textes, livres sur les expositions et participe à la diffusion des œuvres.
- le commissaire d'exposition ou muséographe (souvent le conservateur) décide des thèmes des expositions, choisit les œuvres et la scénographie.
- Le documentaliste travaille pour le conservateur, il fait des recherches sur les artistes, œuvres etc...
- Le chargé de communication s'occupe de faire connaitre toutes les activités proposées par la structure et contribue à la diffusion de l'exposition.
- Le photographe est chargé de photographier toutes les œuvres, et de garder une trace des expositions.
- Le régisseur des œuvres : chargé des transports des œuvres, de leur conservation.
- Le restaurateur intervient lorsqu'il y a dégradation des œuvres. Il n'y a pas de restaurateur pour chaque musée.
Le scénographe va travailler avec le commissaire d'exposition pour la mise en espace des œuvres.
Les techniciens manipulent les œuvres, construisent les vitrines, socles, meubles servant à l'exposition et travaillent avec le scénographe et le commissaire d'exposition.
Les médiateurs sont chargés de préparer les visites et aident le public à comprendre l'exposition.
► L'EXPOSITION COMME DISPOSITIF DE COMMUNICATION OU DE MÉDIATION, DE L'OEUVRE ET DE L'ART :écrits, traces et diffusions, formes, temporalités et espaces.
Dans les dispositifs de présentation des oeuvres il faut distinguer deux espaces distincts :
- la BLACK BOX qui est plutôt destinée pour les arts vivants (théâtre, danse) la salle est obscure, le spectateur est passif, le plus souvent assis, seules sa vision et son ouïe sont sollicitées. Le spectateur est face au spectacle. Le rapport au temps es linéaire.
- LE WHITE CUBE est un espace blanc généralement conçu pour les expositions d'art, dont la neutralité efface tout contexte. Le spectateur déambule, le rapport au temps est différent de la black box, il n'y a pas de début ni de fin. Le spectateur peut être actif et participé selon l'exposition.
Certains chorégraphes ont décidé de brouiller les frontières et de faire sortir la danse de la black box et de se confronter au white cube du musée, chose difficile car l'espace muséal n'a pas de scène, de décor, d'éclairage spécifique, ni de théâtre.
Merce Cunningham (1919 2009), chorégraphe avant-gardiste a bousculé les conventions en intégrant une part de hasard et d'improvisation dans ses chorégraphies .
En 1964 sa compagnie se produit au Museum des 20. Jahrhunderts à Vienne et invente un nouveau format qu'uil nommera "Museum Event". Ses Events sont des collages d'extraits de danses existantes qui pouvaient se passer de décor, d'éclairage spécifique et s'adapter à tout espace. Pas d'entrée ni de sortie de scène conventionnelles. Ce qui donnait une grande liberté et une grande souplesse. Par la suite, 800 évènements ont été exécutés dans des parcs, places, jardins, musées, galeries, gymnases etc...
Merce Cunningham : Invitation: 7 jeunes artistes , Walker Art Center, 12 mars 1972. |
En 1971, Trisha Brown ( 1936 2017 USA) expérimente le white cube à la verticale. Les danseurs sont suspendus avec un harnais leur permettant de se déplacer sur les murs. Le spectateur est au milieu en dessous et regarde le corps en mouvement comme il regarderait une oeuvre fixée au mur. L'oeuvre devient vivante et mobile. Il y a un temps défini. La chorégraphie se trouve à mi-chemin entre le spectacle et l'exposition grâce à l'espace muséal, le spectateur reste debout, peut se déplacer, changer de point de vue.
Thrisha Brown,Walking on the Wall 20 à 30 min Whitney Museum of American Art New York 1971 |
Elle expérimentera également l'extérieur et fera sortir ses chorégraphies pour les confronter à l'architecture urbaine. Sa conquête d'espaces non spécifiques à la danse offre un dispositif de communication au public gratuit, ouvert vers des nouveaux spectateurs qui ne vont pas dans les théâtres et salles de spectacles, la ville devient espace de danse, mais aussi support esthétique,décor, et la danse prend une dimension plus large, plastique.
Trisha Brown performing Roof Piece, New York, 1971 |
Man Walking Down the Side of a Building à SoHo Trisha Brown Dans un autre domaine, nous pouvons observer le travail de Julie Gautier (née en 1979) apnéiste, vidéaste, réalisatrice et danseuse. Dans son court-métrage "AMA" elle exécute une performance dansée dans un espace particulier : une piscine réservée à l'entraînement pour l'apnée. Cet espace non spécialisé en danse devient la scène de sa chorégraphie qui décloisonne les disciplines. L'espace est plein (eau) et pourtant il donne une légèreté au corps qu'on ne peut obtenir dans un espace vide. Dans la vidéo ci-dessous vous pouvez regarder comment la diffusion du court-métrage a été organisé. Les lieux de diffusion sont aux antipodes des lieux habituels. "AMA" Julie Gautier, 2018 ballet aquatique Court métrage de 7 minutes ci dessus court métrage AMA ci-dessus making of "AMA". Pour aller plus loin encore dans la réflexion sur la diversité des espaces et de temporalité de l'exposition, nous nous pencherons sur l' hôtel Walled off de Banksy construit à Bethléem en Palestine juste en face du mur de séparation entre la Cisjordanie et Israël. Proclamé par Banksy lui même comme étant l'hôtel avec la pire vue au monde, ce lieu propose des chambres allant de 30 dollars pour une place dans un lit superposé à 965 dollars la suite présidentielle. A l'intérieur, tout a été créé par Banksy et parle du conflit entre la Palestine et Israël. Ainsi pouvons nous voir dans une chambre au dessus du lit une peinture murale représentant un soldat israélien se battant avec un manifestant palestinien. L'hôtel est un musée, un lieu d'exposition à vivre. C'est une expérience inédite qu'il propose au spectateur : pouvoir y passer 24h et avoir un regard (au sens propre comme au sens figuré) sur le conflit vieux de presque 70 ans. Banksy, pro-palestinien depuis de nombreuses années, implique le spectateur. "The Walled off Hotel" Bethleéem Cisjordanie ouverture en 2017 Vue d'une chambre sur le mur de séparation Palestine/Israël Installation Banksy Lits superposés. Sur le site de l'Hôtel, Banksy répond dans une rubrique aux questions habituellement posées par les visiteurs : - « Est-ce une blague ? » « Pas du tout. Il s’agit d’un véritable hôtel avec de vraies chambres fonctionnelles et des places de parking en nombre limité. Géré par la communauté locale, il accueille chaleureusement les visiteurs venus des deux côtés du conflit et du monde entier. » - « Est-ce sûr ? » " l’hôtel est situé dans une zone très fréquentée et touristique, avec restaurants, bars et taxis à proximité, et « à 500 m du check point pour Jérusalem ». - Le site précise qu’il n’y a pas besoin de visa pour les touristes étrangers pour venir en Israël : « Contrairement aux locaux, vous aurez la possibilité de voyager où vous voulez. » « La sécurité de l’aéroport de Tel-Aviv, cependant, est légendaire. Attendez-vous à ce que l’on vous demande la raison de votre séjour et si vous avez l’intention de vous rendre en Cisjordanie. Si vous répondez oui, vous serez peut-être retenu quelque temps, c’est pourquoi de nombreux visiteurs préfèrent ne pas spécifier cet aspect de leur séjour. » -« Est-ce antisémite ? » « Absolument pas. L’Hôtel Walled Off est une structure de loisir totalement indépendante mise en place et financée par Banksy. Elle n’est alignée sur aucun mouvement politique ou groupe de pression. Son but est de raconter l’histoire du mur des deux côtés et de donner aux visiteurs l’occasion de le découvrir. Nous réservons le meilleur accueil aux jeunes Israéliens. Aucun fanatisme ne sera toléré sur place. » |
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